INSÉCURITÉ A L’EST : LE MAIRE DE BENI ACCUSE LES AUTOCHTONES

Nyonyi Bwanakawa pointe du doigt des autochtones de Beni, Butembo, etc. Comme complices des rebelles ougandais de l’ADF dans les tueries de l’Est. Avant lui, en 2016, les notables de Beni-Mbau et ceux du secteur Ruwenzori l’avaient aussi dénoncé. Joseph Kabila n’a fait qu’affirmer une vérité déjà connue pour interpeller les uns et les autres afin de mettre fin à cette situation.

Alors que se poursuit la polémique autour de l’interpellation, par le Chef de l’Etat, des Députés nationaux sur la situation sécuritaire générale au pays et, particulièrement, dans sa partie Est, une autre voix vient de s’élever, cette fois-ci pour stigmatiser la complicité de certains autochtones des provinces de l’Est avec les djihadistes du mouvement ougandais ADF. Cette voix, c’est celle du Maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa, qui vient de s’exprimer à la suite du meurtre de cinq commerçants dans l’incendie de trois véhicules qui les transportaient le vendredi dernier sur la route Kasindi-Beni.

Des sources locales ont bien identifié des rebelles de l’ADF qui ont perpétré ce nième attentat, mais ce qu’ils ne savaient pas c’est l’implication de quelques fils de la région dont la main a été identifiée par les services spécialisés. En tous cas, le Maire Nyonyi Bwanakawa sait bien ce qu’il dit, lui qui a échappé, mardi 30 janvier 2018, à une attaque à la grenade artisanale près du marché central Kilokwa, alors qu’il revenait de son bureau à bord de son véhicule. Des hommes non identifiés roulant sur une moto avaient, en effet, lancé cet engin explosif à travers la fenêtre de la voiture. Le Maire avait eu la vie sauve grâce à son agilité en se saisissant de la grenade pour la balancer hors de son véhicule.

Par ailleurs, le Maire de Beni n’est pas le premier à parler de la complicité des autochtones dans les tueries récurrentes dans les zones affectées par les exactions des terroristes ougandais de l’ADF. En effet, en janvier 2016 lors d’une retraite de réflexion de quatre jours organisée par l’Ong Cepadho, plusieurs notables du territoire de Beni avaient confirmé l’existence d’une collaboration entre ces rebelles ougandais et «certains fils et filles» de Beni dans les attaques dans la région.

Selon Radio Okapi qui avait fait état de cette retraite, «Les participants à ce séminaire, dont les notables de Beni-Mbau et ceux du secteur Ruwenzori, ont affirmé avoir identifié les collaborateurs et complices locaux des ADF à Beni ainsi que certains réseaux financiers de la région qui alimentent ces jeunes». Cette retraite avait donc pour but de chercher, au sein de la communauté, des pistes de solution pour mettre fin aux tueries des ADF dans le territoire de Beni. Ils s’étaient engagés à travailler dorénavant en groupe pour débusquer les complices internes afin de mettre fin à leurs aventures meurtrières.

Deux années plus tard, cependant, force est de constater que ces meurtriers ont la peau dure et persévèrent dans leurs exactions. C’est donc à juste titre que le Président Joseph Kabila eu à soulever, à son tour, cette problématique. Il est faut alors regretter que ces personnes mal intentionnées aient déformé son propos pour l’accuser de stigmatiser une tribu – Nande – et la soumettre au risque de la vindicte populaire.

Pourtant, à ce jour, soit plus de deux semaines après l’interpellation de Kabila, il n’a été enregistré nulle part, à travers le territoire national et même dans les réseaux sociaux, la moindre stigmatisation des Nande dont on accuse le Chef de l’Etat. L’on comprend, dès lors, que Joseph Kabila a tapé droit dans la termitière et dévoilant cette entreprise macabre qui décime aussi bien les populations civiles (originaires de l’Est et d’ailleurs) que les forces de l’ordre et de sécurité qui se recrutent dans toutes les provinces. Et ce n’est pas pour rien que la plupart de ceux qui continuent à commenter les propos du Chef de l’Etat se recrutent parmi les anciens miliciens des groupes armés qui ont écumé et continuent d’écumer l’Est du pays.

L’attitude responsable que l’on pouvait attendre des uns et des autres est que chacun prenne la mesure de la situation sécuritaire à l’Est et écoute l’interpellation du garant de la Nation pour voir ce qu’il peut apporter comme contribution afin de pacifier l’ensemble du pays. Joseph Kabila avait dit, en effet, que cette œuvre n’incombe pas qu’aux forces de l’ordre et de sécurité, mais à tout le monde.

Yvon RAMAZANI

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