Le Professeur Arthur Nseka Mpela, enseignant à l’Institut Supérieur d’application, Ista-Kinshasa, vient de trouver un palliatif au déficit en électricité que connais la RDC. C’est le biocarburant, une denrée plus simple, avantageuse, moins couteuse et surtout non polluante. Ce docteur en génie pétrochimique et science de procédés estime que l’Etat congolais devrait miser sur cette nouvelle matière qui intervient dans plusieurs secteurs de la vie.
De la motivation
Expert en génie chimique et environnemental, le professeur Arthur Nseka argumente sa motivation sur le choix de cette technologie pour la production du biocarburant à partir de l’huile végétale localement par le fait qu’il y a un déficit en énergie électrique en Rdc avec un taux de 9% dont 1% dans les milieux ruraux. Ce déficit énergétique a fait que la Snel a approché l’Ista pour voir dans quelle mesure cette institution pouvait apporter tant soi peu une solution à ce problème, surtout en milieux ruraux.
Cet enseignant de l’Ista a souligné que la Snel utilise des centrales thermiques qui fonctionnent comme des groupes électrogènes qui ont besoin d’utiliser le carburant fossile, mais elle a souvent des problèmes en terme d’approvisionnement. C’est ainsi que la Snel a recouru à l’expertise de l’Ista pour remplacer le carburant actuel par un autre carburant et c’est à cet effet que l’Ista a proposé le biocarburant.
Ingénieur civil en chimie- industrielle, Arthur Nseka Mpela soutient que ce nouveau carburant est plus avantageux car il peut être produit localement à n’importe quel endroit de la Rdc où l’on peut trouver les huiles végétales telles que l’huile de palme, le tournesol et toutes ces huiles qui peuvent aider à produire le biocarburant qui se substitue au carburant actuel.
Des avantages du biocarburant
Comme expert en énergie renouvelable, le Professeur Nseka a présenté les avantages de cette nouvelle technologie sur le plan général et sur le plan de l’électricité. En effet, cet enseignant en pétrole et gaz a souligné qu’il y a des avantages technologiques maîtrisées par les nationaux qui peuvent l’utiliser dans n’importe quel coin du pays par les nationaux où l’on a besoin de biocarburant ou de l’électricité. Cette technologie est facilement transférable car on peut, en un temps record, expliquer aux gens comment produire du biocarburant localement. Moins de 100°C pour sa production contrairement à la production des produits pétroliers fossiles comme le pétrole, l’essence, le mazout et autres ; donc, plus écologique et moins de dépense pour installer des colonnes et des colonnes comme pour la production des produits pétroliers.
Du point de vue technique, le professeur Nseka Mpela soutient que son avantage est de produire l’électricité et d’en faire arriver aux consommateurs dans une approche que l’on appelle de proximité. C’est-à-dire que cette électricité est produite tout près du consommateur au lieu de prendre de l’électricité d’Inga jusqu’à l’Equateur, par exemple. L’autre avantage est qu’il peut être utilisé pour faire tourner d’autres machines agricoles comme le moulin, la décortiqueuse, les extracteurs d’huile et autres qui demandent de l’énergie ou du carburant qui peuvent être remplacés par le biocarburant.
Encore un autre avantage : le prix. Si on compare l’électricité produite par le biocarburant, le coût Kilowattheure est particulièrement le 1/3 tel que fixé par la Snel.
Il y a également des avantages économiques en ce que la production du biocarburant va contribuer au fisc car le pays a besoin de percevoir un peu d’argent à partir des impôts. La recette fiscale tirée de cette nouvelle technologie va permettre à l’Etat d’augmenter son assiette. On crée aussi de l’emploi, soit 20 employés par site, qui permet à l’Etat de résorber tant soi peu le chômage.
Du point de vue stratégique, on peut constituer des stocks en biocarburant. Le Professeur Nseka Mpela a souligné que dans d’autres cieux, désormais l’on ne peut plus utiliser les carburants fossiles seuls mais il faut associer le biocarburant. Si c’est le cas en Rdc, qu’est ce qui arrivera ? D’où il faut déjà commencer à faire le stockage et faire le « blending », c’est-à-dire le mélange du carburant fossile avec le biocarburant.
L’autre avantage stratégique est que lorsque que le pays est en guerre, l’on ne saura plus importer le carburant et cette technologie peut être utilisée dans les engins comme les avions, les bateaux de guerre et autres. Il a souligné aussi qu’en temps de paix on peut aussi recourir au blending. Dans le cas où il y a embargo, il peut aussi contribuer à couvrir le déficit.
Le biocarburant présente aussi des avantages sur le plan environnemental. En utilisant cette technologie, la pollution est quasiment nulle contrairement aux énergies fossiles qui produisent des effets de serre.
Appel des fonds et volonté politique
Le Professeur Arthur Nseka soutient qu’il faut un financement pour la production du biocarburant sur le plan industriel, contrairement à l’échelle pilote déjà réalisé. Il faut également une implication des politiques, des décideurs politiques et l’on peut arriver à une forte production, afin d’alimenter les centrales électriques et servir les milieux ruraux :
« La technologie est là et elle est disponible, elle est déjà applicable à petite échelle mais pour que ça ait un impact très significatif sur le plan national, il faudrait passer de la petite échelle, de l’échelle pilote à l’échelle semi-industrielle ou industrielle. Pour cela il faut un financement. Que les décideurs politiques puissent prendre à cœur cette nouvelle technologie de la production du biocarburant à partir des huiles que l’on peut trouver localement et essayer de soutenir ce genre de projet car ça va renflouer les caisses de l’Etat, l’assiette fiscale de quelques milliards de dollars, ce qui n’est pas de moindre parce que la Malaisie et l’Indonésie ont démontré qu’en utilisant cette technologie, leurs assiettes fiscales ont produit des milliards des dollars, ce qui ne peut pas nous empêcher aussi de le faire, pourvu que les décideurs puissent prendre à cœur ce genre de projet ».
Il faut noter aussi que le Professeur Arthur Nseka est consultant dans certains organismes internationaux tels que le PNUD et SACHIE.
Jacques Kalokola