En deux tentatives, le cadre de concertation Ceni-candidats Président a loupé son décollage. A la base : des questions sans rapport avec l’objet de ces rencontres. Le motif est simple : pour un tel cadre de concertation devant aborder des sujets strictement techniques (même le juridique est technique), les politiciens qui n’y ont pas de place visent plutôt à porter le blocage à la centrale électorale même. Dans ces conditions, on peut parier que jusqu’au 22 décembre à minuit, personne n’opposera à Corneille Nangaa des techniciens.
La deuxième réunion du « cadre de concertation » entre la CENI et les candidats Président de la République a filé en eau de boudin. Les humeurs semblent avoir pris le dessus sur la raison jusqu’au point où les aspirants à la magistrature suprême, du moins une frange d’entre eux, ont claqué la porte. Selon la version de ces derniers, les choses se seraient gâtées lorsque le Président de la Ceni a déclaré qu’il préférait travailler avec ceux qui sont intéressés à la partie technique des dossiers sur la machine à voter et les empreintes digitales. Les questions de départ incluaient aussi le volet juridique en ce qui concerne uniquement la machine à voter.
Cette seconde réunion était pourtant censée réunir les experts de la Céni et des candidats pour examiner les questions qui fâchent au sein d’une commission technique qui devait ainsi être créée. C’est, en tous cas, le résumé que Corneille Nangaa avait donné de la première réunion. Mercredi dernier, cependant, les candidats (ou leurs représentants) se retournés seuls, déterminés à aborder eux-mêmes ces questions techniques. Bref, aucune avancée n’aura ainsi été réalisée, s’il faut ajouter la quasi bisbille de la première réunion au sujet de la protection des différents candidats par la Police nationale.
A peine débutée, la concertation voulue technique entre la Ceni et les candidats à la magistrature suprême est partie sur de mauvaises bases. Et l’on ne paierait pas chère la suite des événements si l’on avance qu’il n’y a, tout simplement, rien à attendre de ces rencontres qui ne seront qu’un dialogue des sourds.
Tout simplement parce qu’en République Démocratique du Congo, lorsqu’on met ensemble des politiciens et des techniciens, il est impossible d’en escompter un dialogue constructif, voire un dialogue tout court. Les gains poursuivis par ces deux catégories sont à ce point diamétralement opposés qu’il est impossible de les concilier.
Le cas sous examen en est symptomatique et il faut noter dès le départ que les candidats de l’opposition ont voulu se donner le beau rôle en imposant un rythme politicien à un dialogue attendu plutôt technique, surtout lorsqu’on est en face d’une instance organisatrice des élections. La première mèche avait été allumée à la première réunion par le candidat Théodore Ngoyi qui avait vertement tancé son concurrent Ramazani Shadary à qui il ne pardonnait pas de disposer d’une garde qui lui n’avait pas, surtout qu’ils sont des voisins à Gombe où ils habitent. C’est Corneille Nangaa qui coupera court à cette première mèche en relevant que cette question n’était pas de la compétence de la Ceni pour être traitée ici.
Et à la seconde réunion, il semble que ce soit le même boutefeu, Théodore Ngoyi, qui soit revenu à la charge, cette fois-ci contre la personne de Corneille Nangaa accusé d’outrage à des candidats Président de la République. Comme s’il s’agit d’une strate sociale établie en rang de dignité…
La vérité dans ce stratagème est simple : éviter à tout prix de plonger dans les aspects techniques des questions posées par les candidats présidents de l’opposition. Et ces aspects techniques concernent aussi bien l’aspect juridique en rapport avec la machine à voter et les autres questions aussi bien sur la machine que sur les empreintes digitales.
Il est, en effet, clair que ces questions ne peuvent trouver de justification et susciter d’apaisement que par le moyen des démonstrations techniques. Or, depuis le début, les contestataires de la machine à voter, puis des enrôlés sans empreintes digitales n’ont jamais osé s’aventurer sur les plages argumentaires d’ordre technique. Personne, dans l’opposition n’a, à ce jour, pris la moindre seconde pour faire la démonstration technique du procéder par lequel peut s’opérer un vol avec la machine à voter.
De même, personne, à ce jour, n’a encore pris le risque de démentir la possibilité de l’existence, au sein de toute société humaine, de personnes sans empreintes digitales pouvant ainsi se retrouver dans le fichier électoral. Et depuis qu’il a été relevé qu’un candidat à la présidence et certains candidats députés nationaux et provinciaux, toutes tendances politiques confondues, sont sans empreintes digitales, aucun politicien ne s’est risqué d’aborder la question.
En allant à la Ceni, les politiciens candidats ont voulu porter la politique dans l’antre de l’exclusivement technique pour y installer la zone trouble. La démarche semblait la mieux indiquée pour eux lorsqu’on constate que ces mêmes politiciens candidats ont tenté en vain de politiser la Ceni en voulant lui faire porter une vareuse politique, surtout celle de la majorité. La finalité était d’asseoir la thèse du hold-up électoral avant même les élections. Et après avoir échoué de l’asseoir à travers les médias, par des meetings, des voies diplomatiques ou par insinuation d’une connivence avec la majorité, la prise de finition était alors de porter le combat politisant dans les couloirs mêmes de la Ceni.
Dans cette démarche, les politiciens candidats ont le beau rôle puisqu’ils peuvent rameuter l’opinion à volonté là où la Ceni ne le peut pas, au risque de tomber dans le piège de la politisation de son travail en se faisant protagoniste au processus électoral.
De tout ce qui précède, l’on peut parier que jusqu’au 22 décembre à minuit, les candidats politiciens n’amèneront jamais leurs techniciens à la Ceni.
Prenons date…
Jonas Eugène Kota