Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, autorités morales de CACH et du FCC en coalition du Gouvernement, se sont rencontré jeudi 13 mars 2020 à N’Sele pour évaluer la marche de cette coalition et scruter les perspectives d’avenir. Dans leurs échanges emprunts de cordialité, selon les témoins, les deux hautes personnalités ont reconnu le malaise qui s’est installé dans le fonctionnement de la Coalition.
Un malaise dû «essentiellement aux malentendus, à certains agissements, à des sorties médiatiques inappropriées dans les deux camps et à des incidents à l’égard des personnalités FCC à certains postes frontaliers ». Tout en regrettant ces actes, Tshisekedi et Joseph Kabila « ont dissipé le malentendu et pris l’engagement de mettre tout en œuvre pour que ce genre d’agissements déplorés ne se reproduisent plus », peut-on lire dans le communiqué qui a sanctionné la rencontre.
Les deux hautes personnalités ont également évoqué les dispositions à prendre pour la décrispation politique et la bonne marche de la coalition. « Pour éviter que ce genre de désagréments ne se reproduisent à l’avenir, peut-on encore lire dans ce communiqué, les deux hautes personnalités invitent les acteurs politiques des deux regroupements politiques CACH et FCC à œuvrer dans l’esprit d’entente et de cohésion pour contribuer à une bonne mise en œuvre de l’Accord et, par ricochet, à la paix et la stabilité, ingrédients nécessaires et essentiels pour la bonne marche du pays ».
Autre mesure : « les deux personnalités ont décidé de mettre à un niveau élevé, un cadre permanent de concertation ».
Quant aux tractations sur les mises en place dans le portefeuille de l’Etat, les autorités morales e de CACH et du FCC ont décidé de privilégier les critères de compétence et de moralité pour éviter de politiser les entreprises publiques.
Cette rencontre des deux leaders de la coalition qui porte la charge de l’avenir de la RDC a été saluée unanimement par les observateurs qui s’inquiétaient de la dérive dans laquelle s’engageaient les lieutenants de ces deux hommes d’Etat que sont Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Ces deux derniers viennent, en effet, de faire preuve d’un remarquable sens de hauteurs et de responsabilité qui les met au-dessus de la mêlée.
Ils ont, en effet, interpellé sans complaisance les cadres et militants de leurs familles respectives et, en mettant l’intérêt du Congo au centre de leurs préoccupations, ils ont privilégié la paix, la cohésion et la bonne entente, seuls gages du bon fonctionnement des institutions, fonctionnement fondé sur l’Accord de gouvernement qui unit les deux personnalités et leurs familles politiques respectives. Pendant longtemps, en effet, la RDC a été soumise à l’anarchie d’une caste de cadres et militants de la coalition qui se croyaient au-dessus des lois et des institutions sur lesquelles ils pouvaient dicter leurs quatre volontés. L’indiscipline et la licence qui avaient élu domicile dans les rangs des partis et organisations du FCC et de CACH donnaient l’impression que le pays était devenu un bien sans maître, fonctionnant au gré, non pas des lois, mais des intérêts, des humeurs et de la volonté des individus.
Tout en sonnant la fin de cette récréation et en reprenant la main sur le cadre de concertation de la coalition, désormais placée à très haut niveau, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila viennent, faut-il le répéter, non seulement de faire la démonstration de leur sens élevé de responsabilité, mais aussi de démontrer la cordialité qui a toujours caractérisé leurs rapports. Ceux-ci sont, en effet, basés sur un dénominateur commun qu’est le Congo d’abord.
Il revient, dès lors, aux cadres et militants des deux bords de prendre la mesure de ce désaveu de leur comportement par leurs autorités morales pour comprendre que le leadership de s’assume pas dans la rue, mais bien au niveau des intelligences. A eux, désormais, de suivre l’exemple de ce leadership historique qui, une fois de plus, vient de rappeler la haute portée de l’alternance intervenue pour la première fois au sommet de l’Etat congolais. A eux également d’intérioriser la portée de cette coalition salvatrice qui a épargné le pays d’une déflagration, sinon d’une ingouvernabilité aux conséquences imprévisibles.
La RDC ne doit plus continuer à être ce pays des petits roitelets qui pouvaient se lever un matin pour bouffer micros et objectifs des caméras dans le simple but de semer de l’agitation et trouver des prébendes situationnelles au dépens de la quiétude nationale. Fini également le règne de tous ces agitateurs des rues qui, manipulés à souhait, tendaient à se rendre maîtres de la vie de toute une nation qu’ils ont voulu aligner au rythme de leur irresponsabilité.
Le leadership se vit toujours au sommet et devant, jamais dans la foule ou à on ne sait quelle base. Et ça, Tshisekedi et Kabila l’auront bien fait comprendre à leurs troupes qui, on l’espère, en tireront les conséquences qui s’imposent.
Yvon RAMAZANI