Faisant suite à la vague d’indignations suscitées par les révélations sur l’affaire des 80 millions Usd cachée à son Premier ministre et des Usd 12 millions de rétro-commission dégagée de ce pactole dû aux pétroliers, la Ministre de l’Economie tente une digression en voulant réduire cette grave affaire à un simple mouvement de jalousie contre sa personne. Dans un communiqué signé par sa cellule de communication, Acacia Bandubola parle, en effet, de discrédit et d’atteinte à sa personne pour qualifier les révélations de la presse dont votre média en ligne congovirtuel.org.
« Jalousie », « haine », diabolisation… : des arguments échappatoires
Evitant proprement le fond de l’affaire, la communication de Bandubola – sous la signature de notre confrère Guy Blaise Kitiki qui, subitement, se présente comme avocat – préfère verser cette grave affaire, touchant aux deniers publics et à la lutte du chef de l’Etat contre la corruption, sur le compte d’une supposée jalousie contre sa « popularité politique » à l’approche de la publication du nouveau Gouvernement. Elle esquisse également une sorte de bilan de la Ministre de l’économie, la vantant pour la stabilisation des prix sur les marchés ainsi que ceux des produits pétroliers ; sans oublier l’approvisionnement régulier des marchés en produits de première nécessité en cette période de Covid-19.
C’est avec regret que la presse constate qu’un des leurs, Guy Blaise Kitiki, fasse aujourd’hui le jeu des politiciens en tentant de jouer à l’intimidation lorsqu’il menace d’attraire ses propres confrères en justice là où on attend de lui de la défendre avec des arguments qui détruiraient ce qu’il qualifie de propos mensongers à l’encontre de sa ministre. A la place, il a choisi la voie de la lâcheté en levant également une armée numérique dans les réseaux sociaux, surtout sur tweeter, pour débiter des propos qui ne font qu’enfoncer sa ministre au lieu de la tirer de cette passe.
Voici les questions essentielles évitées par Bandubola
Que ce soit dans le communiqué sous examen ou dans les nombreux tweets qui trahissent une agitation manifeste caractéristique de ceux qui se sentent morveux, la communication de la ministre de l’Economie nationale n’a pas répondu à trois questions majeures : pourquoi le Premier ministre a-t-il été tenu à l’écart des négociations de ce dossier qui date déjà d’avant même son Gouvernement ? Pourquoi avoir traité ce dossier avec des tiers après que le circuit financier officiel ait émis ses réserves ? Pourquoi avoir subitement copié le Premier ministre seulement quand d’autres voies ont été trouvées pour le bypasser ?
Une autre question pour laquelle la Ministre de l’Economie pourrait éclairer l’opinion serait de savoir pourquoi elle a brûlé les règles et procédures d’interministérialité en traitant directement avec le cabinet du chef de l’Etat tout en sachant que l’interface du Gouvernement pour ce faire n’est autre que le Pemier ministre ? La même question peut être posée au sujet de ses contacts épistolaires avec son collègue des Finances à qui elle a voulu faire effectuer des décaissements en procédure d’urgence. Une procédure farouchement combattue par le Gouvernement dont elle est pourtant membre à travers le pacte de stabilité macroéconomique et financier passé avec la Banque centrale du Congo.
Stabilité des prix : Acacia Bandubola insulte les ménagères
Pour le reste, l’opinion est témoin, dans son âme comme dans sa chaire de la flambée actuelle des prix sur le marché, une flambée face à laquelle le ministère compétent brille par une indifférence étonnante. La même opinion s’étonne également des fleurs que se jette la ministre sur la question quand on sait que c’est justement le ralentissement de l’approvisionnement des marchés qui est l’une des causes de cette flambée des prix. Sans oublier que la stabilité relative observée en période du Covid-19 est plutôt le fait du programme stratégique d’atténuation des effets de cette pandémie arrêtée au terme d’âpres négociations menées en son temps à la primature avec le concours de la FEC. Ce plan est aussi passé par la disponibilisation d’un fonds covid par le FPI pour soutenir les opérateurs économiques et leur permettre de continuer à alimenter les marchés en produits de première nécessité.
Tout ceci et bien d’autres réalités sont à la parfaite connaissance de la Ministre de l’Economie nationale. En choisissant la « méthode udépésienne » de diabolisation et de recours à des accusations de haine et de jalousie pour esquiver les vraies questions d’Etat, Acacia bandubola s’est tiré une balle dans le pied. Elle a choisi de défendre sa propre personne au lieu de s’incliner face au devoir de redevabilité qui incombe à toute personne portant une charge d’Etat.
Jonas Eugène Kota