DOSSIER KABUND : TRICHERIE ET CLIMAT DE GUERRE AU PALAIS DU PEUPLE

Le feuilleton de la pétition contre Jean-Marc Kabund à l’Assemblée nationale est en train de faire déployer des pratiques peu éthiques au sein de cette chambre parlementaire. En même temps, on assiste à une escalade de violence qui, si l’on n’y prend pas garde, pourrait déboucher sur des confrontations sanglantes.

La tension est montée de plusieurs crans et les manœuvres peu éthiques se multiplient depuis la dernière plénière et, surtout, la notification de la pétition à son destinataire. Bien avant cela, on a assisté à une invasion du site du palais du peuple par des militants de l’Udps à motos qui menaçaient de tout casser si jamais la pétition venait à défenestrer Jean-Marc Kabund du bureau de l’Assemblée nationale. Au même moment, un autre groupe de wewas/Udps se livraient à des actes d’intimidation et de vandalisme au domicile de l’auteur de la pétition, le député MLC Jean-Jacques Mamba.

Dans les médias, des groupes de jeunes et autres se déclamant de certaines structures de l’Udps et apparentés promettaient littéralement plaies et bosses à tous ceux qui s’identifient derrière, l’initiative de Mamba. Cité comme instigateur de cette initiative, le FCC et ses animateurs essuient, depuis, tous les noms d’oiseaux tandis que le chef de l’Etat est vivement invité à rompre la coalition FCC-CACH en cas de destitution de Kabund.

Kabund menace Mabunda pour se sauver

Ces dernières 48 heures ont été symptomatiques de cette escalade de violence avec l’entrée en scène de l’intéressé lui-même. Hier au cours d’une réunion en commission qui devait examiner son cas avant la plénière tant redoutée, Jean-Marc Kabund s’est mis dans tous ses états, menaçant même ses collègues lorsqu’il lui a été demandé de quitter la salle. En fin de journée, les internautes ont vu débarquer dans les réseaux sociaux sa correspondance adressée à la Président Jeanine Mabunda.

En des termes sans fards avec la courtoisie, le premier VP de l’Assemblée nationale tente de disqualifier la démarche de la pétition. Son argument est que le délai de 72 heures imparti pour traiter d’une pétition en plénière serait dépassé et que la démarche serait désormais sans objet. De même, Kabund accuse, dans des termes à peine voilés, Jeanine Mabunda d’être l’instigatrice de la tentative de sa défenestration et promet d’y réserver une suite appropriée. Laquelle ?

Dans la même foulée, certains médias en ligne diffusent des articles dans lesquelles la personne de Jeanine Mabunda est citée comme l’instigatrice de la pétition, l’organisatrice de la collecte des signatures moyennant espèces et la coordonnatrice de la démarche globale. Maladroitement ou inconsciemment, JJ Mamba y est cité comme un poulain de Félix Tshisekedi. Cest, selon ces articles, un cousin de celui-ci qui avait coaché son dossier au niveau de la Cour constitutionnelle pour le faire déclarer élu en lieu et place de Christian Matata. Et au passage, dans la hargne de la disqualification, Mamba est présenté comme jeune frère de Jean-Pierre Kalamba, rapporteur de la CENI.

La question à ce niveau serait de savoir comment Mabunda pouvait commettre l’erreur d’utiliser les noms de personnes absentes de Kinshasa pour concocter une telle cabale. En effet, la Présidente de l’Assemblée nationale dispose de toute la documentation pouvant l’informer des mouvements de tous les députés qui s’absentent de Kinshasa pendant les sessions. Mais le plus curieux aussi est que ces articles qui l’attaquent sont publiés quelques deux heures seulement avant l’apparition, dans les réseaux sociaux, des lettres des fameux députés absents et dont les noms auraient figuré indument parmi les signataires de la pétition de Mamba.

Deux députés dans la tricherie pour sauver Kabund?

Toujours dans la soirée d’hier mardi, les internautes ont également vu débarquer deux lettres de deux députés qui nient avoir signé la pétition de Jean-Jacques Mamba. Motif : ils ne se trouvaient pas à Kinshasa au moment de la collecte des signatures. Yannick Lumbu Ngoy et Christophe Kitambala Kalond affirment qu’ils se trouvaient tous à Lubumbashi où ils étaient bloqués après la fermeture des frontières de la ville de Kinshasa pour raison de la covid-19.

Curieusement, et c’est là que l’on soupçonne la tricherie et l’atteinte à l’éthique, les deux lettres, adressées à la Présidente de l’Assemblée nationale dans le but de disqualifier la pétition contre Kabund, ont des ressemblances tellement troublantes qu’elles trahissent la manipulation sous-jacentes. En effet, ces deux lettres portent les caractéristiques suivantes : elles ont exactement la même disposition administrative et sont rédigées dans le même caractère. Ceci prouve qu’elles ont été rédigées par une même personne sur une même machine, prouvant aussi que la démarche relève d’une même et unique inspiration.

Autres éléments : les deux lettres évoquent le même argument d’éloignement de Kinshasa. La succession des phrases comporte les mêmes idées agencées dans des mots différents. Enfin, les deux correspondants de Mabunda se trouvaient curieusement tous à Lubumbashi d’où ils ont rédigé leurs lettres respectives à deux dates différentes, mais avec des caractéristiques curieusement identiques.

Et ce n’est pas tout. Au vu des accusés de réception qu’elles portent, les deux lettres sont parvenues à leurs destinataires le même jour et aux mêmes heures. Plus encore, la personne qui les a diffusées dans les réseaux sociaux est la même.

Une démarche bien pensée et concertée

Last but not least, ces députés, autant que le premier qui a renié sa signature et intenté un procès contre JJ Mamba réagissent en chœur seulement lorsque la pétition a été déposée au bureau, traitée en préliminaire en plénière puis notifiée à Kabund. Preuve que l’on assiste à une démarche bien pensée, concertée et guidée de quelque part.

Bref, trois lettres – celles de Kabund et des deux députés – sont tombées dans les réseaux sociaux le même jour et participent d’une même démarche : provoquer une clameur publique et appuyer la démarche de disqualification de la pétition de Jean-Jacques Mamba. Couplée aux intimidations au moyen de la violence, toutes ces démarches posent un sérieux problème d’éthique qui tend à désacraliser la fonction parlementaire et même l’institution qui va avec. Tout ceci pour des intérêts individuels d’un individu qui est reproché d’un acte qu’il a librement posé et revendiqué en tant que citoyen et député national.

Dossier à suivre

Jonas Eugène Kota

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