Professeur-Docteur Vangu Lutete, chercheur indépendant et DG d’un ISTM de la place, défraie la chronique depuis qu’il a annoncé avoir trouvé une solution congolaise, curative du coronavirus ». Se comparant au chercheur français Raoult qui défraie également la chronique, il a récemment déclaré avoir identifié une molécule pouvant détruire le coronavirus.
Il dit avoir testé ce molécule chez des malades qui se cachent et ne veulent pas se déclarer en public. Il serait parti du principe actif de la chloroquine pour moduler sa molécule qui, soutient-il, père contre le covid-19. Le premier test sur femme, poursuit-il, l’a sauvé et depuis, il a déjà guéri une dizaine de personnes qui, cependant, préfèrent se confiner dans l’anonymat.
Plus encore, le Dr affirme qu’il s’introduit « sournoisement » à la clinique Ngaliema où il soigne des malades dont certains seraient déjà guéris et en instance de libération.
Depuis lors, l’homme fait les choux gras de certains espaces dans les réseaux sociaux. Seulement, les spécialistes de la médecine et de la pharmacie se disent médusés après de telles déclarations qui mentionnent nulle part la démarche scientifique qu’aurait suivi notre docteur. En effet, celui-ci n’a pas dit dans quel laboratoire et avec quels instruments professionnels il aurait aurait réalisé un tel exploit. Il ne dit pas, non plus, comment et avec quelles autorisations il est parvenu à partir des essais de labo pour effectuer des tests sur des humains.
De même ne dit-il pas où il a fait la démonstration scientifique de sa découverte, qui l’aurait contr’expertisée, qui l’aurait homologuée et qui lui aurait délivré le certificat y relatif.
Alors que ces questions n’ont pas encore trouvé de réponses, l’homme dit disposer déjà d’une bonne quantité de son produit réalisé au Maroc. Mais à la surprise générale, le Dr Vangu semble drainer un élan de sympathie autour de sa « trouvaille » qui, plus encore, semble bénéficier d’un soutien médiatique et même politique à un certain niveau. Des lobbies feraient même pression pour le mettre au contact avec le chef de l’Etat ou sa task-force. D’autres avancent même que ces pressions auraient abouti à sa mise en contact avec le Secrétariat technique de riposte contre le coronavirus.
Qui dit vrai dans tout ceci ? N’avons-nous pas affaire à un lampiste qui aurait réussi à emballer d’autres lampistes emportés, eux, par un élan de patriotisme aveugle face à une réalité qui sort totalement des canaux scientifiques, du moins à entendre parler le concerné ? Questions graves lorsqu’un supposé médecin affirme avoir approché en cachette et avoir soigné des malades sans avoir averti ses collègues en charge de ces malades, chose gravement punie par le code d’éthique des médecins. Bref, pas très catholique tout ça quand même !
Tout ceci rappelle dangereusement l’histoire du vaccin MM-1 présenté, par deux chercheurs, le zaïrois Lurhuma et son collègue égyptien Chafik, comme pouvant immuniser les humains contre le VIH. On sait qu’à l’époque, le pouvoir en place avait pris les devants en voulant exploiter un projet de vaccin – qui n’ira jamais loin jusqu’à ce jour – pour sortir de l’isolement diplomatique dans lequel il était confiné.
Aujourd’hui, le pouvoir en place n’est pas engagé dans cette opération (du moins n’en avons-nous pas l’information) et n’est pas confiné diplomatiquement, certes. Mais nul n’est dupe des manœuvres qui s’observent dans certains milieux derrière la riposte pour suggérer ou imposer soit un traitement donné, soit l’attente d’un vaccin qui ne viendrait pas avant une année au moins.
L’hypothèse qui s’impose ici, et jusqu’à nouvel ordre, est qu’assurément il se trouve des gens qui chercheraient à casser le sucre sur le dos des congolais avec cette affaire de coronavirus. Allez, dernière question : pourquoi cette subite prolifération des solutions miracle dont les auteurs courent vite vers les médias plutôt que les circuits attitrés de contre-vérification et d’homologation avant tout usage ?
Vigilance, vigilance…
JEK