L’AFFAIRE DES 15 MILLIONS USD ÉCORCHE FATSHI DANS LES SONDAGES

Le porte-parole du Chef de l’Etat s’est, enfin, exprimé le week-end dernier sur l’affaire des 15 millions Usd relatifs au paiement des sociétés de distribution des produits pétroliers et autres services. Kasongo Mwema a fait savoir dans deux tweets que, d’abord, le Président de la République a enfin reçu l’Inspecteur général des finances qu’il a écouté, rassuré et encouragé. Ensuite que si le chef de l’Etat s’est tu jusque-là, c’est pour s’en tenir aux impératifs démocratiques, mais qu’il avait toujours confiance en son Directeur de cabinet cité dans cette affaire. Ces deux sorties, pour autant qu’ils ont le mérite de briser le silence, laissent tout de même l’opinion sur la soif après un si long temps de silence. Un silence qui a pris les temps de faire son travail qui se traduit avec quelques écorchures de Félix Tshisekedi dans l’opinion nationale.

Est-ce que c’est la fin du temps de grâce pour le Chef de l’Etat congolais? En tout cas, les congolais commencent à devenir un peu plus exigeants avec lui. Désireux de le voir concrétiser ses promesses de campagne et celles qu’il a faites au cours de ses premiers mois à la tête du pays, ils lui demandent de faire un peu plus que ce qu’il a déjà fait ou est en train de faire dans le cadre de son programme d’urgence de cent premiers jours de son mandat.

La conséquence de cette faim des congolais de le voir accélérer la vitesse de la réalisation de ses promesses est qu’il ne cesse de chuter dans les sondages. Le dernier mené sur l’ensemble du territoire national révèle que sa côte baisse de 15 points par rapport au dernier sondage publié en mai dernier pour atteindre 48% d’opinions favorables. Il a perdu 17 points par rapport à sa cote de popularité lors de ses cent premiers jours où il se situait à 64% d’opinions favorables.

Cette chute libre est attribuée en grande partie à la rocambolesque affaire de détournement de 15 millions de dollars américains qui éclabousse actuellement la présidence de la République et dans laquelle le nom du Directeur de cabinet du Président de la République est cité avec insistance.

En effet, dans ce baromètre, 38% des congolais interrogés portent désormais un jugement défavorable sur son action, contre 48% qui lui sont favorables ; 11% trouvent plutôt son image mitigée et 3% du taux d’abstention. Il perd notamment 23% auprès des sympathisants de l’opposition, 18 points auprès de ceux de ses partenaires du Front Commun pour le Congo(FCC) et plus grave, 5 points auprès de ses propres militants et combattants du Cap pour le Changement(CACH).

D’autres raisons évoquées par les congolais qui jugent négative l’action de Fatshi sont notamment la lenteur de la construction des saute-moutons à Kinshasa (25%), l’infime nombre des hôpitaux réhabilités dans le cadre des travaux de 100 jours (10%), la recrudescence de l’insécurité dans l’est du pays (10%) et la non amélioration des conditions sociales et salariales des fonctionnaires de l’Etat(5%).

Les 34 % autres des congolais qui se disent défavorables à son action désapprouvent la suspension des enquêtes de l’Inspection Générale des Finances (IGF) dans l’affaire du détournement de 15 millions de dollars rétrocédés à l’Etat congolais par les sociétés pétrolières. Pour eux, le silence du Chef de l’Etat dans cette affaire s’apparente à une sorte de soutien qu’il apporterait aux auteurs présumés de ce détournement spectaculaire qui risque d’entacher sa réputation d’homme aux mains propres en matière de détournement. Au-delà de tout, ils craignent que cette affaire ne puisse saper son combat contre la corruption, le détournement et d’autres antivaleurs.

Ces congolais désapprouvent aussi l’attribution des marchés de gré-à-gré par la Présidence de la République, la fuite intempestive sur les réseaux sociaux des documents sensés rester secrets et l’indiscrétion de certains conseillers au Cabinet du Chef de l’Etat qui créent la pagaille dans les débits de boissons des quartiers populaires de Kinshasa.

 

Sauvé par la gratuité de l’enseignement de base

Même s’ils se montrent durs avec lui, les congolais apprécient quand même les points positifs de son action. Ce qui explique que le nombre de réalisations qu’ils jugent positives soit supérieur à celles qu’ils jugent négatives. La côte de popularité de Félix Tshisekedi allait descendre plus bas n’eut été la gratuité de l’enseignement de base qu’il a décidé d’appliquer sur l’ensemble du pays à partir de l’année scolaire 2019-2020.

Ainsi, cette action est considérée comme la plus importante de ses réalisations par la quasi-totalité des répondants et récolte en elle seule 45% de satisfécit contre seulement 41% de non satisfaction, essentiellement dans les rangs de l’opposition où on soutient que l’Etat congolais n’a pas assez de moyens pour prendre en charge le salaire de tous les enseignants dont beaucoup dépendaient des frais payés par les parents d’élèves.

D’autres actions jugées favorables par les répondants sont entre autres la composition et la publication du gouvernement (87%) ; l’attention accordée par le  gouvernement au paiement régulier et ajusté du salaire des militaires (63%) ; les efforts fournis dans la lutte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola ; la réhabilitation de l’école Mokengeli à Kinshasa et la promesse de paiement du salaire des enseignants (45%).

Avec Sondage Les Points

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