On aura tout vu, entendu et vécu dans la jungle politique congolaise où les appréciations se font eu égard aux intérêts et non d’après l’objectivité ou l’orthodoxie. Une chose, un acte, une décision ou que savons-nous encore sont bons quand ils font le lit des intérêts de ceux qui n’ont de force que leur grande faculté de vociférer, de clabauder contre les autres, de maugréer ou de faire des commérages dans les médias et les réseaux sociaux.
La sortie médiatique du député national de Lamuka, Chérubin Okende, en réaction aux arrêts de réhabilitation de certains députés invalidés de la Cour constitutionnelle du 4 juillet 2019 est à la fois une incitation au Chef de l’Etat à interférer dans le fonctionnement de la justice au profit de quelques Congolais capricieux et manipulateurs de l’opinion publique pour des intérêts partisans et individuels ainsi qu’une contradiction.
Il n’est pas dit que puisque les verdicts des cours et tribunaux sont rendus au nom du Président de la République que celui-ci doit y interférer pour plaire à une catégorie des Congolais qui croient s’imposer ou acquérir certains résultats par malignité. En sa qualité du garant de la bonne marche des institutions, le chef de l’Etat ne peut intervenir que dans les conditions définies par la Constitution et non pour satisfaire les agendas de tiers. En son article 149, la Constitution stipule, en effet, au premier alinéa que « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif ».
Contradiction parce que les candidats et cadres de Lamuka avaient rejeté et persistent à rejeter les résultats des élections organisées jusqu’ici par la centrale électorale, affirmant qu’ils n’étaient pas conformes à la vérité des urnes. Mais quand Chérubin Okende demande que tous les députés invalidés par la Cour constitutionnelle soient réhabilités, il montre qu’il a confiance aux résultats publiés par la même Commission électorale nationale in dépendante (CENI) qui lui sont favorables; des résultats qu’avant l’épisode d’invalidations des députés par la Cour constitutionnelle, Chérubin Okende et les autres cadres de Lamuka avaient vilipendés. Econduit par la volonté de chipoter sur la scène politique pour faire décrier l’actuel régime quoique plus que satisfait par sa propre réhabilitation, Chérubin Okende préconise la solidarité envers les députés non réhabilités par les récents arrêts de la Cour constitutionnelle et leur propose de saisir des instances judiciaires internationales pour avoir gain de cause.
On est d’autant plus étonné de l’attitude de Chérubin Okende que les autres députés validés de Lamuka se disent satisfaits des arrêts rendus par la Cour constitutionnelle en rectification des erreurs matérielles. Pour lui, « Toutes les décisions de justice, suivant notre Constitution, sont exécutées au nom du Président de la République. L’épreuve aujourd’hui pour Félix Tshisekedi, c’est de se dire s’il peut cautionner qu’à son nom des arrêts iniques soient exécutés. Un Président de la République, un magistrat suprême ne doit pas accepter que les arrêts iniques soient exécutés à son nom ».
Nathan MBISA