RDC/INSÉCURITÉ A BENI : NOUVELLE LECTURE DES ATTAQUES CONTRE LES CENTRES ANTI-EBOLA

Les assauts contre les centres de riposte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola deviennent malencontreusement nombreux. Le dernier en date est l’attaque armée lancée contre les Cliniques universitaires de Graben (UCG), le vendredi 19 avril 2019 à Butembo, qui a  coûté la vie à un médecin épidémiologiste camerounais, Dr Richard Mouzoko Kibound, affecté à l’UCG par l’OMS.

Les centres de riposte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola sont très ostensiblement devenus des cibles stratégiques compte tenu du nombre d’attaques lancés contre eux. Un fait polémique dans la mesure où, vu le grand danger que représente cette terrifiante et mortelle maladie, tous auraient du collaborer à son éradication. Mais tant s’en faut, population et groupes armés se plaisent à décourager ceux qui volent à leur rescousse et terrorisent les bonnes volontés qui acceptent de travailler dans ces centres.

Lorsque les FARDC ont annoncé l’arrestation par la justice militaires de 11 présumés auteurs de l’attaque contre les CUG, le porte-parole des opérations Sokola 1, le Major Mak Hazukay a renseigné que « …Parmi les gens que l’auditorat militaire près la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu a interpellé, il y a quatre auteurs moraux, trois auteurs matériels, c’est-à-dire ceux qui ont tiré sur le médecin et l’infirmier et aussi en dehors de ces sept, il y a quatre Mai-Mai qui ont participé à la réunion ou à la préparation de l’attaque des équipes de riposte contre Ebola à Butembo. »

Comment comprendre une telle attitude de la part de cette population et de ces Mai-Mai ? On peut comprendre que des attaques soient menées contre des coins d’intérêt pour ces catégories dans la perspective d’avoir le contrôle de terres ou de carrées miniers ou dans le cadre des conflits singuliers aux populations de ce coin de la RDC. Mais quand ces catégories se permettent de s’attaquer aux équipes de risposte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola, on comprend vite que les motivations sont bien séditieuses ou plus profondes.

Plusieurs hypothèses sont, pour assayer de comprendre ce qui se passe, avancées. S’agit-il déjà de la matérialisation de l’agenda de l’éloignement ou de l’extermination des peuplades de ce coin du pays terrorisées par une épidémie devenue pandémie de la maladie à virus Ebola ? Ceux qui tâchent de réussir cet agenda s’emploieraient alors à décourager les efforts entrepris pour éradiquer l’épidémie ou en maîtriser la propagation. Une telle stratégie serait consécutive à l’échec de la stratégie de l’insécurité, de pillages et de viols et violences sexuels qui n’aura pas réussi à éloigner les peuplades de ce coin.

Il pourrait s’agir aussi d’une tactique pour rendre infréquentable ce coin riche et fertile du pays afin que seuls ceux qui auront été immunisés puissent s’y déployer pour exploiter les richesses et les terres.

D’aucuns mettent aussi en évidence la quête du positionnement politique de certains natifs de ce coin du pays qui, sans scrupules, poussent les populations à nier l’existence  de l’épidémie de la maladie à virus Ebola, à ne pas appliquer les mesures d’hygième et de précaution recommandées par le ministère de la Santé, présentant les centres de lutte contre l’épidémie comme des stratagèmes de ceux qui veulent priver les habitants de ce coin du pays de leurs droits politiques ou autres.

Depuis sa déclaration au dernier trimestre de 2018, cette épidémie d’Ebola a causé plus de 800 morts d’après un récent bilan. Dans son dernier bulletin du début avril, l’OMS indiquait, outre que le nombre des cas de la maladie à virus Ebola avait nettement augmenté, que les niveaux de risque national et régional restaient élévés même si les risques mondiaux restaient faibles. Cela fait plus d’un semestre que cette épidémie dure alors que dans la grande province de l’Equateur, elle n’avait jamais atteint ce nombre de victimes, ni autant duré.

Une intelligence qui travaille à retarder l’éradication ou à compliquer  cette épidémie est donc à pieds d’œuvre pour des objectifs inavoués que seul le temps permettra de bien élucider. L’on sait, dans l’expectative, que dans d’autres coins du globe comme au Yemen, en Afganistan et ailleurs, des épidémies des maladies causées par des micro-organismes foudroyants ont été utilisées pour atteindre des objectifs impérialistes.

Samy BOSONGO

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