A BRUXELLES, L’OPPOSITION POUR UNE TRANSITION DE 2 ANS

Contrairement au contenu de leur communiqué conjoint, les « conjurés de Bruxelles » se relancent sur le processus de Genval sous le coaching du même Didier Reynders qui a d’ailleurs évoqué à Luanda un éventuel dialogue politique en RDC avec le Président angolais, cela avant d’aller rejoindre les opposants congolais à Bruxelles où il les réunissait… exactement comme avec Genval. Kinshasa rejette cette perspective et proteste énergiquement contre les libertés que prennent Luanda et Bruxelles dans ses affaires internes.

Fallait-il aller jusqu’à Bruxelles pour ressasser des déclarations et des exigences (préalables aux élections) que l’on répète depuis plus de sept mois ? La question mérite bien d’être posée au regard du contenu de la déclaration ayant sanctionné la réunion d’hier mercredi 12 septembre à Bruxelles et qui a connu la participation de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Jean Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Antipas Mbusa Nyamwisi. A Bruxelles, il se lit un certain désappointement ou, carrément, un agacement d’une frange de la diaspora qui avait appris que cette question devait être consacrée à la désignation d’un candidat commun. Le sujet a été renvoyé, non pas seulement en fin de la déclaration, mais aussi aux calendes grecques.

Cet est à ce point manifeste que des sources dignes de foi assurent que la discussion a tourné autour d’un projet d’exigence des négociations politiques qui déboucheraient sur une transition de deux à trois ans, assortie d’un nouveau Gouvernement d’union nationale. Cette logique coule des sources puisque le coach de cette rencontre, Didier Reynders a déclaré, lors de son séjour à Luanda les 10 et 11 septembre derniers, avoir sollicité le concours de l’Angola et la Sadc en vue de la tenue d’un dialogue politique en RDC pour une organisation concertée des élections.

Le tableau général de cette nouvelle démarche épouse de façon troublante la logique de Genval qui avait également conduit à des négociations. Plus encore, côté belge, les personnages qui coachent cette démarche sont les mêmes avec Reynders comme capitaine qui vient de faire classer sans suite l’information judiciaire contre Katumbi pour faux en écriture oublique. Et le discours est sensiblement le même, assorti aussi d’une menace de déstabilisation du pays au cas où les « conjurés de Bruxelles » n’obtiendraient pas gain de cause. « Faute de respecter ces préalables, la CENI et le Gouvernement seront tenus responsables du chaos et des conséquences auxquelles conduira l’organisation d’une parodie d’élection », peut-on, en effet, lire dans le communiqué conjoint.

La question est alors de savoir comment un tel projet de négociations pour une nouvelle transition pourrait s’opérationnaliser. En tous cas, Kinshasa vient de décocher ce qui n’est pas moins un « niet » catégorique à cette logique tout en rejetant toute ingérence étrangère dans le processus électoral en RDC. Le ministère congolais des Affaires étrangères a publié, hier, une mise au point affirme que le Gouvernement congolais « se dit surpris par des déclarations intempestives de certaines autorités étrangères relatives au processus électoral en RDC et appelant à un prétendu dialogue avec l’opposition politique ». Kinshasa rejette donc tout ingérence en la matière (le processus électoral) tant de la part des pays voisins que des autres partenaires bilatéraux », faisant là allusion à la récente rencontre à Luanda de Didier Reynders avec le Président angolais Joao Lourenço.

Léon Kroegell

(Correspondance particulière à Bruxelles)

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