Exclusivité de Bruxelles : après leur exclusion du processus électoral, Bemba et Muzito deviennent le cheval de Troie du plan « B » occidental en remplacement de Moïse Katumbi. Hier lundi dans la soirée, Charles Michel a appelé Mizito, qui est à Bruxelles, pour le rassurer de ce qui se concocte en dehors du processus électoral. Didier Reynders doit se rendre très prochainement à Luanda pour réchauffer les contacts qui dorment. Une rencontre est prévue aujourd’hui mardi entre Charles Michel et Adolphe Muzito, rencontre à élargir jeudi prochain à JP Bemba après son retour du Portugal. Bref, le plan « B » contre la RDC est relancé…
La fin de l’examen des recours à la Cour constitutionnelle de la RDC vient donner l’alerte et relancer le plan « B » visant l’instauration d’un leadership sans Kabila et hors du processus électoral pourtant en pleine maturité. On croirait que l’exclusion de Muzito et bemba de ce processus était attendue pour faire d’eux le fer de lance de la nouvelle campagne des lobbies politico affairistes occidentaux sur la RDC.
Le doute quant à l’aboutissement du processus électoral dans ce pays est, aujourd’hui, permis en ce moment où s’observent à nouveau des manœuvres tendant à promouvoir des voies extra électorales pour imposer un nouveau leadership politique en RDC suivant le fameux plan « B » qui n’a vraiment jamais quitté les esprits de certains lobbies politico-affairistes occidentaux avec le concours de certains « congolais de service », mais qui vient de connaître quelques mises à jour. Si, hier, l’enjeu de ce plan « B » tournait autour de Moïse Katumbi dont la cause est aujourd’hui entendue par ses parrains occidentaux, aujourd’hui ces derniers enfourchent à nouveau cheval de bataille avec le tandem Muzito-Bemba. Et comme d’habitude, l’épicentre de ce complot n’est autre que la Belgique et ses allées politiques et diplomatiques qui y participent à la fois comme acteurs et comme sous-traitants des intérêts américains principalement.
Charles Michel dans le jeu pour coacher le tandem Muzito-Bemba
Loin d’être une vue d’esprit, ce plan vient d’être relancé à Bruxelles en cette nuit du 4 septembre 2018 sous la houlette du même pré carré politico-affairiste belge et son noyau constitué, entre autres, de Didier Reynders et la famille Michel (Charles et Louis Michel). C’est, en effet, depuis quelques jours que Adolphe Muzito est arrivé à Bruxelles où il déploie une intense activité sous-terraine en connivence avec Jean-Pierre Bemba. La connexion de ce tandem congolais avec les occidentaux s’est confirmée ce lundi soir à Bruxelles pendant que tombait, à Kinshasa, les avis de la Cour constitutionnelle sur les cas de ces deux candidats désormais exclus de la présidentielle.
Nos sources proches du Premier ministre belge, Charles Michel, ont, en effet, assisté à une conversation téléphonique entre ce dernier et Adolphe Muzito qu’il consolait littéralement pour lui annoncer que tout n’est pas perdu et qu’une procédure est enclenchée pour récupérer la situation. « Ne vous inquiétez pas, nous sommes en train de travailler sur une solution », lui dit-il en substance. Les deux hommes échangent ensuite pendant un moment, comme s’ils ajustaient leurs idées respectives, sur une démarche commune à prendre.
Finalement, selon nos sources toujours, un petit calendrier des rencontres est fixé : Didier Reynders doit se rendre « dans les jours qui viennent » à Luanda pour en discuter avec des interlocuteurs qu’il ne nous a pas encore été donné de connaître. A Bruxelles, un rendez-vous est prévu ce mardi dans la journée entre Charles Michel et Adolphe Muzito. Cette rencontre doit être élargie, jeudi prochain à Bruxelles toujours, à Jean-Pierre Bemba qui doit revenir de son séjour au Portugal où il est arrivé avec sa famille le 5 août dernier pour une plaisance dans sa villa de Quinta do Lago au sud du Portugal.
Pourquoi Muzito et Bemba
Cette programmation d’une nuit à Bruxelles n’est pas fortuite ni isolée. Elle rentre, en effet, dans un vaste programme qui, ces derniers temps, a connu quelques aménagements côté congolais avec la montée en intérêt d’Adolphe Muzito et Jean-Pierre Bemba aux dépens de Moïse Katumbi devenu trop encombrant pour les occidentaux avec les casseroles politiques et judiciaires qu’il traîne dans son pays et maintenant à Bruxelles dans son affaire de passeport falsifié.
Aux mois de mai et juin derniers, en effet, Muzito avait été la plaque tournante des opérations occidentales pour le fameux plan « B ». l’homme avait multiplié des consultations à Kinshasa et à Bruxelles jusqu’à culminer avec un tête-à-tête avec Bemba dans sa cellule de la Haie, 48 heures avant le prononcé de son acquittement. L’ancien Premier ministre, qui s’est subitement radicalisé contre le pouvoir de Kinshasa pourtant (encore) en alliance politique avec son parti, le Palu, qu’il vient de quitter à peine – ce cursus récent en dit long – Muzito donc passe aux yeux des lobbies occidentaux comme un pion efficace en raison de la discrétion et la disponibilité qu’il offrirait. Muzito, selon les calculs occidentaux, attirerait – du moins jusque-là – moins d’attention de Kinshasa par rapport à ce plan. Il le serait d’autant plus par rapport à JP Bemba encore sous surveillance de la CPI et qui se trouvait déjà dans le viseur de la majorité comme potentiel concurrent à la présidentielle.
Au sujet de Muzito toujours, relire utilement notre article intitulé « Muzito : Cursus d’un présidentiable atypique » (http://congovirtuel.org/adolphe-muzito-cursus-dun-presidentiable-atypique/ )
Pour sa part, Bemba, qui vient de sortir de prison, serait le sosie idéal de Moïse Katumbi en matière d’affaires pour atteindre les objectifs affairistes de ces lobbies. Son profil rentre bien dans le moule de ces calculs occidentaux. L’homme avait encore les coudées serrées sur terrain avant que ne lui soient coupé les ailes, mais son « charisme personnel » ferait l’affaire.
Félix Tshisekedi n’apparait nulle part dans ce plan, du moins pour le moment. Il serait, pour sa part, encore tenu à distance en raison de son imprévisibilité (lui et son parti, l’Udps) et son inexpérience politique et stratégique sur ce genre d’enjeux qui dépassent sa compétence. Nul doute, cependant, que, comme avec l’expérience de Genval avec le « Rassemblement » qui en sortit, l’Udps pourrait être embarqué, le moment venu, pour apporter sa caution sociologique à travers sa base (ou, du moins, ce qu’il en reste) qu’il faudra joindre aux militants restés fidèles à Bemba pendant ses dix années de bagne à la CPI.
Luanda choisi pour réactiver les milices dormantes et remporter la tolérance africaine
Il resterait, alors, de trouver une place pour les influences africaines dans ce plan « B ». Depuis quelques années, en effet, les occidentaux se sont rendus à l’évidence du choix des africains à régler les problèmes des africains au sein du continent. Quelques pôles d’influence sont, tout de même, opérationnels autour de certaines crises politiques africaines. C’est, d’ailleurs, le cas de la RDC qui a connu un rush de leaders angolais, sud-africains, zambiens, namibiens, etc. ; pour infléchir la position de Kabila que l’on pensait alors déterminé à se maintenir au pouvoir.
Même si Kabila ne sera plus dans la course, il ne reste pas moins que les occidentaux se disent convaincus, comme les radicaux de l’opposition, de sa mainmise sur le processus électoral pour faire aboutir le processus électoral et rempiler indirectement avec l’alternance attendue des urnes en décembre 2018. C’est alors ici que se justifie le déplacement annoncé de Didier Reynders pour Luanda dans les jours qui viennent. Luanda où s’entendent depuis belle lurette des bruits de bottes de certaines milices qui s’y seraient déjà positionnées pour marcher sur Kinshasa en passant par le Kongo central voisin qui offre aussi bien des infrastructures aéroportuaires que routières pour servir ainsi de base arrière idéal à un éventuel assaut sur Kinshasa.
Côté politique, Luanda semblait, ces derniers temps – et malgré le ballet diplomatique avec Kinshasa, émettre des sonorités assez discordantes par rapport aux « amis » congolais sous les lambris des aménités réciproques. Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois que l’Angola est cité dans les différentes phases ou opportunités de mise en œuvre de ce plan de soumission de la RDC à un leadership à la solde des lobbies occidentaux dont l’objectif, loin d’être la démocratie, est de reprendre pied dans les économies africaines après avoir longtemps guerroyé en Orient pour ainsi perdre son influence sur le continent. Et la RDC est aujourd’hui la proie de prédilection depuis la montée en importance des minerais de la haute technologie (coltan, cobalt, etc.) dont elle dispose à foison.
L’obstacle de la stabilité régionale
Mais jusqu’où iront les nouveaux croisés en RDC ? La question mérite bien d’être posée lorsque l’on sait que toute déstabilisation de ce pays pourrait déboucher sur une déflagration générale de la sous-région et même du continent tout entier avec les conséquences dont même les pyromanes occidentaux sont loin d’imaginer l’ampleur.
Dossier à suivre.
Léon Kroegell
(Correspondance particulière à Bruxelles)