Alors que des membres de la plénière de la CENI astreints à la réserve ont livré, délibérément et en temps réel, les secrets des délibérations, la « milice cléricale » de Monsengwo veut distraire l’opinion en cherchant à couvrir des infractions flagrantes aux lois pour relancer le plan « B » d’une transition sans Kabila.
Conformément à son calendrier électoral, la Commission électorale nationale indépendante, a livré, vendredi 24 août 2018 dans la soirée, les résultats de ses délibérations sur les candidatures aux élections présidentielle et législatives nationales du 23 décembre 2018. En toute logique et pour des raisons diverses, certaines candidatures ont été invalidées et d’autres confirmées.
Les listes rendues publiques sont, à ce stade, provisoires car il revient à la Cour constitutionnelle de prendre la décision finale en fonction, notamment, des recours des candidats qui se seraient sentis lésés par les décisions finales. D’ores et déjà, certains candidats ont annoncé qu’ils allaient déposer leurs recours dès ce lundi. Les listes définitives devront être publiées le 19 septembre 2018 selon la loi électorale.
En attendant, l’on n’a pas manqué d’enregistrer des récriminations de certains candidats ou organisations diverses qui se rejoignent sur leur accusation commune contre le pouvoir en place qu’ils disent avoir manipulé la CENI pour écarter certains candidats à la présidentielle. Au nombre de ces récriminations, l’on note celle du Comité laïc de coordination (CLC).
Pointant formellement du doigt le Président Joseph Kabila et sa famille politique dans cette accusation, cette « milice cléricale » de l’archevêché du Kinshasa revient à ce bon vieux plan « B » tendant à instaurer une transition sans Kabila, mais cette fois-ci sans l’actuelle CENI non plus. Sans le dire formellement sous cet entendement, le CLC considère Kabila et la CENI « comme des obstacles à la tenue des élections crédibles » et exigent ainsi leur exclusion du processus électoral.
Pour motif, la structure personnelle du Cardinal-archevêque Laurent Monsengwo Pasinya estime que « le rejet des candidatures de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito et consorts est la confirmation et la preuve que le Président sortant et sa CENI sont désormais des obstacles majeurs à l’organisation des élections crédibles et inclusives ». Ainsi le CLC appelle-t-il « à la mobilisation générale pour sauver le pays et la démocratie ».
Cette position du CLC n’étonne guère puisqu’il s’agit-là d’un choix délibéré visant à faire avorter le processus électoral et créer ainsi les conditions du renverser de l’ordre politique et institutionnel établi. Ceci est d’autant plus flagrant aujourd’hui que la « milice cléricale » ferme délibérément les yeux sur les cas de ces membres du bureau et de la plénière de la CENI qui ont violé leur serment d’indépendance et de neutralité en se mettant ouvertement au service de leurs organisations d’origine en livrant des informations et en recevant des instructions en pleines délibérations. C’est le cas de Nadine Mishika, issue du MLC, qui s’est retirée des délibérations de la CENI pour aller se retrouver au siège de son parti où se réunissaient des membres de l’opposition autour des informations sur ces délibérations qu’ils recevaient en temps réel.
C’est aussi le cas de Gustave Omba Pidimonyo, issu de l’UNC, qui a personnellement avoué dans les médias le rôle qu’il a joué dans le même sens en violant sciemment les secrets des délibérations. « “J’ai été la personne qui donnait ce principe simple qui dit que l’appel suspend tout. C’est le principe de droit. Et, je suis un juriste formé avec une expérience politique, je l’ai dit et le débat est né de ça. Et je suis resté jusqu’à la fin mordicus, et lorsqu’il était question de voter, j’ai réaffirmé ma position en disant que la candidature de Bemba doit être recevable sur base de ce principe-là, et c’est un principe universellement connu ».
Toujours sur le cas de Omba, l’on se rappelle qu’avant et le jour même des délibérations, Baudouin Mayo de l’UNC étrait intervenu dans les médias pour déclarer lui avoir donné des instructions quant à l’attitude qu’il devait avoir.
Il est donc clair que Omba Pidimonyo, Nadine Mishika et bien d’autres membres de la CENI issus de l’opposition et d’une frange de la société civile ont violé aussi bien leur serment que la loi électorale, le règlement intérieur de la CENI et le code de bonne conduite de ses membres. Des faits graves qui pourraient conduire à l’ouverture des dossiers judiciaires à leur encontre, mais aussi à leurs commanditaires qui les coachaient de l’extérieur.
Ne pas relever ces cas flagrants dénote, dans le chef du CLC, d’un parti pris qui confirment ce qui est déjà connu, à savoir que cette organisation est partie prenante à la bataille politique avec pour rôle de semer la subversion dont on connaît les objectifs. Le rôle joué par Mishika, Omba et d’autres était de nature à soulever la population, mais l’on constate que cette population a fait montre de suffisamment de maturité pour ne pas se laisser emporter par le fanatisme politique.
PDM