L’OPPOSITION VEUT FUIR LES ELECTIONS

L’opposition politique développe de nouveau des conditionnalités pour aller aux élections. Ses ténors, notamment Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, un représentant du MLC pour le compte de Jean-Pierre Bemba et un autre pour Moïse Katumbi de la plate-forme « Ensemble ». En fait de conditionnalités, il s’agit des mêmes réclamations liées à la machine à voter, aux enrôlés sans empruntes et aux mesures de décrispation politique.

Ces conditionnalités collectives, cette fois-ci, sont affichées au lendemain de la publication du candidat de la famille politique FCC et qui est, en fait le dauphin de Joseph Kabila. Cette présentation avait levé le plus gros souci de l’opposition  et ses soutiens occidentaux quant à une possible représentation de Joseph Kabila à la prochaine présidentielle. Et l’on constate qu’il s’agit d’une migration des revendications politiques qui sont parties du respect de la constitution à l’application de l’accord de la St Sylvestre.

Même si elles ne sont pas nouvelles, ces conditionnalités formulées collectivement prennent une nouvelle connotation qui, pour les observateurs, viennent asseoir cette vieille thèse selon laquelle l’opposition n’a vraiment pas envie d’aller aux élections. Les analystes sont convaincus que ces opposants sont manipulés par des lobbies politico-affairistes de l’occident qui tiennent, à tout prix, à prendre les commandes de l’Etat congolais afin d’assouvir leurs visées de prédations à travers un Président à leur service.

C’est, d’ailleurs, pendant cette même période que circule des rumeurs d’une éventuelle négociation pour une transition de trois (3) ans au cours de laquelle les principaux ténors de l’opposition occuperaient de hautes fonctions comme sous le formule 1+4. Et certaines sources soutiennent que cette démarche aurait été suggérée par Jean-Pierre Bemba grâce à de nouveaux soutiens qu’il aurait obtenus à la faveur de son acquittement pour le moins spectaculaire, au regard des chefs d’accusation qui pesaient contre lui à la CPI. Au départ, la même opinion avançait que ce soit la famille politique du Chef de l’Etat qui aurait obtenu cet acquittement afin de faire de Bemba le dauphin de Joseph Kabila.

La carte abattue par ce dernier en se désignant un dauphin a manifestement démenti les suspicions et déjoué tous les calculs machiavéliques de prédation occidentale. En sorte que ces conditionnalités collectives de l’opposition tendent à présenter un bloc aux apparences homogènes. Mais cette harmonie n’est que de façade puisque tout le monde sait bien qu’en RDC, l’opposition se distingue par ses désaccords sur les questions essentielles. Par exemple, c’est depuis 2007 que la loi instituant un porte-parole de l’opposition a été promulguée par le chef de l’Etat sans que cette même opposition soit capable de se désigner ce porte-parole. Aujourd’hui encore, la même opposition peine à se désigner un candidat unique, et c’est ce qui fait dire aux observateurs qu’il y a bien un des ténors de l’opposition qui embarque les autres dans un plan concocté de l’extérieur.

Tous les soupçons iraient donc soit de Katumbi donc ce bloc de l’opposition qui réclame son retour et le dépôt de sa candidature, soit de Bemba dont le même bloc réclame la non-invalidation de sa candidature. Tous comptes fait, on croit comprendre que les différents candidats des opposants à la présidentielle contiendraient des « lièvres » avancés pour accompagner le vrai candidat de l’occident.

En tous cas, on ne comprendrait pas autrement ce foisonnement de candidatures de l’opposition avec cette caution de 100.000 $ tout en sachant qu’au bout du compte, c’est un seul candidat qui sera soutenu par l’ensemble de l’opposition ; bref, une stratégie irrationnelle. Et on ne comprendrait pas non plus que ce soit ces mêmes légalistes qui exigent la violation de la loi électorale en réclamant l’enrôlement et le dépôt de candidature en dehors de la période prévue et qui est déjà dépassée, sauf à désarticuler carrément le reste du processus électoral.

En reportant les revendications sur l’accord de la Saint Sylvestre, ces mêmes opposants oublient rôle décisif que le même Joseph Kabila, accusé de toutes les intentions, avait joué pour son aboutissement heureux. En effet, malgré sa signature le 31 décembre 2017, cet accord avait souffert du manque des mesures d’application après que la CENCO avait échoué de faire conclure l’arrangement particulier qui constituait, en fait, ces mesures d’application. Tout le monde se souvient de toutes les péripéties autour de l’arbitrage que le Chef de l’Etat avait assuré jusqu’à la mise en place du CNSA où une frange de l’opposition radicale avait refusé de siéger.

Ainsi donc, exiger aujourd’hui l’application des mesures que l’on avait rejetées hier ne revient pas à autre chose que demander une chose et son contraire à la fois. Ce qui est sûr, à ce stade du processus électoral est que les élections sont désormais irréversibles. Il revient donc aux radicaux de l’opposition de sortir de leurs faux-fuyants.

Allons donc aux élections !

Yvon RAMAZANI

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