PORTE-PAROLE DE L’OPPOSITION : KATUMBI VEUT ROULER FATSHI

Enième tentative de déboulonnement de la coalition FCC-CACH, l’ancien Gouv’ de l’ex-Katanga s’offre à nouveau les services de Hubert Leclercq et lalibre.be dans son équipée vers la conquête du poste de porte-parole. Usant du rapprochement qu’il a initié avec Tshisekedi à travers son « opposition républicaine, il veut faire d’une pierre deux coups pour rouler Tshisekedi afin d’obtenir son appui pour devenir porte-parole. A Fatshi d’ouvrir l’œil et le bon.

Qu’est-ce que Joseph Kabila, ancien Président de la République, a à voir dans la désignation du porte-parole de l’opposition ? La question intéresse certains observateurs depuis la publication, dans lalibre.be, d’un article signé par Hubert Leclercq incriminant le patron de l’actuel majorité parlementaire en ce moment où l’opposition s’est, enfin, décidé de se désigner ce porte-parole.

 

Le vrai rôle du porte-parole de l’opposition

Sans perspective ni rétrospective et encore moins une mise en contexte, le confrère allègue des faits en totale contradiction avec l’histoire même de la création de cette fonction et le vrai rôle de ce porte-parole, allant jusqu’à prétendre que Joseph Kabila s’est, depuis le début, opposé la désignation de feu Etienne Tshisekedi comme leader de l’opposition, s’appuyant en cela tantôt sur le MLC, tantôt sur la Dynamique de l’opposition. L’histoire retient, en effet, que l’institution d’un porte-parole de l’opposition a été inspirée du parlement britannique qui compte en son sein le « shadow cabinet » (cabinet fantôme). Il s’agit d’une sorte d’alter gouvernement au sein de l’opposition parlementaire chargé de scruter les actions du Gouvernement et formuler des politiques alternatives pour renforcer la redevabilité du Gouvernement.

Le Président Félix Tshisekedi, qui vient à peine de quitter l’opposition, a reconnu l’importance de cette fonction au cours d’une de ses récentes interviews à la presse occidentale. Pour lui, cette fonction, qui implique la participation de l’ensemble de l’opposition, rapprocherait celle-ci du fonctionnement effectif de l’Exécutif pour lui (l’opposition) permettre de maitriser les arcanes institutionnels et être aguerrie lorsqu’elle prendre le pouvoir un  jour. Reconnaissant que ce n’est pas facile de diriger le Congo, Tshisekedi regrettait le non fonctionnement de cette fonction de porte-parole de l’opposition qui aurait pu lui permettre de mieux connaître l’Etat dans son fonctionnement.

 

Au commencement, il n’y avait ni l’UDPS/Tshisekedi, ni la Dynamique de l’opposition, ni le MLC

Pour revenir à l’histoire, il faut tout de suite dire que Kabila n’a jamais empêché à l’opposition de se désigner un chef de file (leader), même en la personne de feu Etienne Tshisekedi comme le prétend Hubert Leclercq. En effet, au moment de l’adoption et la promulgation de la  loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’Opposition politique, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi ne faisait pas partie du Parlement parce qu’ayant boycotté les élections de 2007. En 2011, Etienne Tshisekedi avait refusé de reconnaître le parlement au motif de la corruption dont aurait été émaillée l’élection des députés. Il avait, d’ailleurs, demandé aux élus de l’Udps de ne pas siéger et ceux qui l’avait refusé avaient été radiés du parti.

Concernant la complicité alléguée avec le MLC ou la Dynamique de l’opposition, Hubert Leclercq ignore justement que c’est le MLC, première force politique de l’opposition en 2006 et en 2011 qui bloquait la désignation du porte-parole, estimant que ce poste revenait de droit à son Président national Jean-Pierre Bemba, alors incarcéré à la CPI.

Quant à la Dynamique de l’opposition, elle est de création plutôt récente puisqu’elle a vu le jour fin décembre 2005 comme structure au sein du regroupement politique dénommée « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement » né à Genval (Belgique). Sa sortie officielle avait eu lieu au cours d’une conférence de presse tenue la salle du Press club Brussels Europe le samedi 20 février 2016, soit 9 ans après l’institution du poste de porte-parole de l’opposition.

 

Le blocage s’est toujours situé dans la querelle de leadership au sein de l’opposition

Ces faits historiques vérifiables suffisent pour démontrer la mauvaise foi du confrère Hubert Leclercq qui, une fois de plus, se rend coupable d’un grave bidonnage qui, en toute logique, devrait lui valoir une sanction de sa hiérarchie. Mais on sait que cela ne devrait pas arriver dès lors que l’on sait combien ce journaliste est l’avoué de son maître Moïse Katumbi qui, lui, a une mainmise avérée sur La Libre Belgique.

Ce n’est pas tout. L’histoire retient aussi que si ce poste n’a jamais été pourvu à ce jour, c’est le fait de l’opposition elle-même qui n’a jamais pris l’initiative des concertations internes pour aborder le sujet. Les querelles de leadership qui minent l’opposition a toujours fendu impossible cet exercice. Déjà lors des débats sur la loi portant statut de l’opposition, l’on se souvient des tiraillements qui s’étaient observés dans la dénomination même de ce poste, chacun refusant à tout prix que la personne qui l’occupera ne devienne automatiquement le chef de file – autrement dit le patron – de tous les autres leaders de l’opposition, lui ouvrant ainsi la voie pour être le candidat unique de cette même opposition à l’élection présidentielle.

Plusieurs dénominations furent ainsi explorées pour tomber sur un consensus autour de celle de « porte-parole ». C’est encore cela la vérité que le confrère Leclercq a délibérément choisi d’occulter pour des raisons évidentes.

Parce que même le mode de désignation de cette fonction semble être dénaturé. Aujourd’hui, en effet, l’on veut faire croire que ce poste peut être occupé par n’importe qui, pour autant qu’il soit de l’opposition, alors qu’historiquement, il est censé revenir à un opposant membre du Parlement (député ou sénateur).

 

La vérité est claire : Katumbi veut rouler Tshisekedi

Au regard de ces évidences, il est clair que le souci de l’inspirateur de cet amas de contre-vérité se situe ailleurs, et qu’il s’agirait manifestement de caresser Félix tshisekedi dans le sens du poil en espérant qu’il donnerait son coup de pouce à Moïse Katumbi, le premier de l’opposition à avoir reconnu son pouvoir et à l’avoir approché dans le cadre d’une opposition dite « républicaine ». On sait alors que dans la quête de leurs intérêts, le souffre-douleur des opposants a toujours été Joseph Kabila.

Aujourd’hui encore, c’est son ombre que les esprits mal intentionnés font profiler derrière Jeanine Mabunda et Thambwe-Mwamba, Présidents respectivement de l’Assemblée nationale et du Sénat, au seul motif qu’ils sont issus du FCC, famille politique de Joseph Kabila. La loi sus-évoquée et les règlements intérieurs des deux chambres ne leur reconnaissent pourtant qu’un rôle de modération dans les tractations pour la désignation du porte-parole de l’opposition, tractations qui ne concernent exclusivement que les députés et sénateurs de l’opposition.

De plus, le mode de désignation est le consensus ou, à défaut, le vote. Dès lors, on peut bien se demander de quoi Moïse Katumbi a peur jusqu’au point de trouver un obstacle à ses ambitions dans l’innocente personne de Joseph Kabila. Ceci d’autant plus que, comme l’indique si bien son journaliste Hubert Leclercq, il dispose de 69 députés et sénateurs sur les 98 que compte l’opposition au Parlement. Le décompte lui fait échapper seulement 29 députés qu’il peut bien, en cas de vote, s’acheter comme il en a l’habitude, puisque ce ne sont pas les moyens qui lui manquent.

Il est donc clair qu’une fois de plus, c’est l’édifice de la coalition FCC-CACH qui est ciblée dans cette éternelle quête de division entre Kabila et Tshisekedi. Cette fois-ci, Moïse Katumbi cherche à rouler le Chef de l’Etat qui, cependant, n’a rien à voir non plus dans la désignation du porte-parole de l’opposition.

A Félix Tshisekedi donc d’ouvrir l’œil et le bon.

Yvon Ramazani

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